Pages

lundi 29 juillet 2013

Une escapade en Chine

Cela fait un moment que je voulais aller dans le quartier chinois de Vancouver. Et voilà que ce midi, je suis tombée par hasard devant la grande porte de Chinatown. J’avais faim, et puis de toute façon, je procède toujours de la même manière dans un nouvel endroit : je commence par trouver un endroit où manger et, selon mon degré de satisfaction, je commence ma visite (ou rebrousse chemin).

Il y a deux règles simples à observer lorsque l’on veut manger asiatique. Je veux dire, de la bonne et authentique nourriture asiatique pas chère :

Règle 1 : rechercher le restaurant qui donne le moins envie d’entrer.
Mon ami Bastien, spécialiste sans conteste de la bouffe asiatique et de l’Asie en général, m’a appris ceci : aucun effort esthétique n’est fait dans les restaurants chinois en Chine. Néon verdâtres, affreux gros chats dorés qui balancent la patte sur le comptoir de l’entrée, éventails de mauvais gout aux murs, et tables grisâtres en formica : bingo, vous avez tire le bon numéro.
Si vous trouvez un bel endroit avec lumière tamisée, paravent, ambiance feutrée et petites serviettes parfumées pour vous rincer les doigts, vous pouvez être sur que vous allez vous faire avoir avec de faux chinois occidentaux, de la nourriture médiocre et un tarif exorbitant.

Règle 2 : rechercher le restaurant ou mangent des chinois qui parlent chinois entre eux.
Cette règle s’applique également à un restaurant ou des japonais parlent japonais entre eux, ou des vietnamiens parlent vietnamien entre eux, ou encore ou des coréens parlent coréen entre eux. Si vous ne savez pas distinguer une langue asiatique d’une autre, peu importe : l’essentiel est de ne pas comprendre ce que disent les personnes attablées autour de vous.

Attention : il n’y a ni fourchette ni eau froide, mais des baguettes en plastique et du thé ? Double bingo, vous avez trouvé LA place authentique par excellence !

Bref, j’ai trouvé cet endroit dans Chinatown.
Bien entendu, la carte étant en chinois, j’ai demandé à la serveuse de choisir pour moi. Je ne fus pas déçue : elle m’a amenée un bol de bouillon rempli de canard, de raviolis aux crevettes et de nouilles chinoises qui m’a ravi les papilles et replongée dans mes souvenirs d’Asie du sud-est.



La dernière fois que j'ai ressenti autant de choses en mangeant, c’était au Vietnam en 2011 : le nez qui coule à cause du piment dans le bouillon, le front qui perle et les petites serviettes pour s’éponger entre deux bouchées. L’odeur du bouillon, dans lequel a mijoté une multitude de choses inconnues, des herbes, de la viande et surement d’autres choses, je ne veux pas le savoir. Et le canard, entier, découpé a la machette avec la peau et les os. 

L’essentiel est là : parfumé, goûteux, généreux, et modeste. Un régal, et un vrai voyage en soi ; j’ai oublié le temps d’un repas que j’étais en Amérique du nord. Le tout pour 8$, ce qui est franchement une belle affaire pour Vancouver.



-
Kam Gok Yuen
142 East Pender St.
Vancouver, B.C.
606-683-3822

mardi 23 juillet 2013

7/7 J'ai intégré une équipe de baseball

*7 jours a Vancouver en 7 anecdotes palpitantes*

Il était convenu que je quitte l’appartement de Banana Bread lundi. Impossible de trouver un couchsurfer cette semaine, alors j’ai dû me résoudre à payer un hôtel (j’ai finalement renoncé au taudis mentionné au point 3, car on m’a mise en garde contre les punaises de lit qui sévissent dans la ville).

Lundi soir, je suis arrivée au bout du monde, complètement à l’ouest de Vancouver, dans un hôtel presque vide au milieu d’un parc vide. J’avais un peu le grisou et je me suis assise sur la terrasse pour bouquiner.
C'est alors que, à peine 12 minutes après mon arrivée sur les lieux, deux garçons accourent vers moi, batte de baseball en main, et me demandent avec tout l’espoir du monde : « est-ce que tu sais jouer au baseball ? » - « Non » - « Ok, c’est pas grave. Est-ce que tu veux jouer au baseball ? On n’a plus de receveur. S’il te plait ».

Je n’avais aucune raison de dire non, alors j’ai dit oui. J’ai enfilé la paire de Doc Martens qu’on me tendait, puis un gant de baseball, et je me suis retrouvée sur le terrain pour disputer mon premier match.


J’ai regardé Hook tant de fois que je pensais connaitre les règles, mais je me suis vite aperçue qu'en fait je n’y connaissais rien. Par chance, l’arbitre, une toute petite femme d’une soixante d’année coiffée d'une casquette de baseball, parlait français et me commentait tout à voix basse.

Mon rôle en tant que receveur était simplement d’attraper les balles et de les renvoyer à mon lanceur (easy). Mais j’ai quand même dû passer par la case « tape dans la balle avec la batte, et cours » et… J’ai réussi ! A chaque fois !!
Mon équipe était en délire, et le soir autour d’une bière et d’un steak gargantuesque, ils m’ont officiellement demandé d’intégrer leur équipe à temps partiel.

Je suis donc membre des Passion Co. Hydro Carbons, et on joue mercredi. Ha ! Ha !



lundi 22 juillet 2013

6/7 J'ai été invitée à la Gay Pride par mon coiffeur

*7 jours a Vancouver en 7 anecdotes palpitantes*

Il y a un moment dans la vie d’une femme ou il faut savoir dépenser son argent à bon escient.

Ce fut le cas, après de longs mois de résistance, lorsque lundi matin je passais près de 45 minutes à tenter de faire quelque chose de mes cheveux, sans succès.

Ce n’était plus vraiment ce qu’on appelle « des cheveux ». La matière était plus proche de ce qu’il y a sur la tête de Barbie, du crin synthétique, voyez. Brûlés au bout par le soleil du désert israélien, j’avais une vilaine démarcation entre mes cheveux préservés –bruns- et mon crin cramé –orange, tirant vers le jaune par endroit.

J’ai donc pris mon courage à deux mains, et poussé la porte d’un salon de coiffure inconnu. J’ai dû accepter les tarifs canadiens qui sont beaucoup trop élevés pour que j’en parle ici sans choquer mon public. Mais j’ai été chouchoutée par Lucas, mon coiffeur ultra-gay de la Saskatchewan, qui m’a rendu apparence humaine, mieux, de jolis cheveux. Et qui m’a dit : «Tu arrives pile au bon moment chérie ! C’est la Gay Pride ici dans le quart-gay*! On t'attend vendrediiiii!». J'ai trop de chance, non ?

*Le mot en VO était: « gaybourhood » - pour les francophiles, c’est un jeu de mot avec « neighbourhood », « quartier ». 

De vrais cheveux !!!

samedi 20 juillet 2013

5/7 J'ai appris à jouer au street hockey

*7 jours a Vancouver en 7 anecdotes palpitantes*

Banana Bread est ce qu’on pourrait appeler un vrai canadien. Il joue au hockey, pleure quand les Canucks gagnent un match, se lève à 6h pour courir avant d’aller travailler, il a une scie dans son placard du centre-ville pour pouvoir bricoler, et il ne mange ses œufs que s’ils sont brouillés.

Pour vous mettre dans le bain, je vous invite a visionner cette compilation des réactions des canadiens a travers tout le pays, lorsque leur éauipe a gagné lors des Jeux Olympiques d'hiver en 2010 - j'y ai eu droit une bonne partie de la soirée, et Banana Bread criait et riait a cote de moi, comme s'il voyait ça pour la première fois - un canadien, quoi.


J’ai passé 3 jours avec lui à apprendre le « slang » (parler de rue). Il m’a cuisiné d’énormes petits-déjeuners traditionnels à base de pancakes, de bacon et de patates sautées, le tout recouvert de sirop d’érable. Et surtout, surtout : il a scié une de ses crosses de hockey pour qu’elle soit à ma taille, et il m’a emmenée dans le parc pour m’apprendre les bases du sport national.

Avec un petit coucher de soleil sur le pont de Grandville
ce qui ne gâche rien

Pour finir, je vous laisse vous marrer sur ma dégaine en petite robe d’été : mais sachez que j’ai fini par lui mettre une bonne raclée après 1h d’entrainement (et j’ai mis quelques buts, aussi) !


vendredi 19 juillet 2013

4/7 Je suis devenue fan officielle de Starbucks

*7 jours a Vancouver en 7 anecdotes palpitantes*

Mise a la porte de l'hotel, j’ai traversé la rue pour m’installer au Starbucks d’en face. Mon objectif à ce moment-là était : trouver un endroit où dormir cette nuit. A l’origine, j’étais supposée passer le week-end chez un nouveau couchsurfer. Mais il s’est avéré être un mec d’Europe de l’Est très chelou et complètement défoncé, qui m’a mise très mal a l’aise : on s’est engueulé environ 10 minutes après mon arrivée chez lui, et il m’a plus ou moins virée (lui aussi !!) de son appart, en me demandant de revenir le soir pour dormir.
Il était donc absolument hors de question que je dorme chez ce type, d’où ma recherche d’hotel a la dernière minute.

Alors j'étais donc attablée derrière mon PC chez Starbucks, quand un mec s'est assis en face de moi pour déballer son dernier achat (un livre électronique). J'étais à fond dans ma quête de lit, donc je n'ai pas prêté attention à lui. Il a commencé à me demander si je savais comment utiliser un e-Reader (non) et qu'est-ce que j'étais en train de faire (raaah le relou), et en levant les yeux sur lui j'ai réalisé que bon… Il était vraiment très mignon.

J’ai donc commencé à répondre vraiment à ses questions (oui bon, ne levez pas les yeux au ciel, mais je ne suis qu’une simple femme, vous savez).
Tout à coup, il s’est levé pour acheter à manger, en me demandant si j'avais faim (oui), est si je connaissais le Banana Bread (Non) – il a eu l’air choqué – "Oh mon dieu, tu DOIS goûter au banana bread. Je ne viens chez Starbucks que pour ça".
Il était comme un enfant, tout excité de me faire découvrir son gâteau préféré. Un homme qui aime tant les gâteaux, et qui aime encore plus les partager, ne peut-être qu’un homme bien. C’est pour ça que j’ai tout de suite accepté sa proposition d’hébergement pour le week-end.

En plus de m'offrir un gâteau, il m'a amenée en voiture jusqu'à chez l'autre type chelou pour que je puisse récupérer mes affaires. Un homme bien, je vous dis.

Ma valise, la voiture de location, et nous
dehors parce qu'on a oublié la clé dedans.
+Petite vue sur les buildings du centre-ville.

3/7 Le propriétaire d'un hôtel miteux m'en a refusé l'entrée

*7 jours a Vancouver en 7 anecdotes palpitantes*

Alors on connait tous l’histoire du mec qui veut rentrer en boite de nuit, mais qui se prend une porte parce qu’il n’est pas assez classe. He bien figurez-vous qu’il m’est arrivé exactement l’inverse. 

Pour des raisons que je développerai dans le point 4, j’ai dû trouver un hôtel pas cher en dernière minute dans la journée de vendredi. Le meilleur prix international était New American Backpacker, en plein centre-ville, près de la mer, pour 60$ la SEMAINE (43 euros environ) !! J’ai donc débarqué là avec mes traditionnels talons et en jupe taille haute.

Un endroit aussi convivial que crados, un peu comme un squat de punks sympas, je dirais.

Le dortoir des filles était dans un bordel comme j’en ai rarement vu, avec des chinoises (encore eux) qui mangeaient leur bol de nouilles sur leur lit avec leur Mac sur les genoux (je ne force pas le trait). Le lit qui devait être le mien était un gros bout de mousse troué, sous la fenêtre dont pendait lamentablement un tissu raidi par la saleté, et qui faisait office de rideau.


Alors que je me conditionnais mentalement pour y passer la semaine, le propriétaire (un italien qui insulte ses clients dont la tête ne lui plait pas) m’a dit : « désolé ma belle, mais tu es trop classe pour cet endroit pourri ». Je me suis donc retrouvée a la porte, dans la rue, sans endroit pour dormir et un peu dépitée... Mais comme dirait Naama, "everything happens for the best" (tout arrive pour le mieux). Et comme d'habitude, elle a raison.
*lire la suite*

jeudi 18 juillet 2013

2/7 J'ai trouvé une maison avec jardin

*7 jours a Vancouver en 7 anecdotes palpitantes*

Il est très facile de trouver un logement au Canada : une visite, une poignée de main, et la clé est à vous. Oubliez votre dossier de location de 58 pages, vos 6 garants et votre salaire de roi du pétrole. Ceci est un bon point. En revanche, je dirais que les points négatifs dans la recherche d’un logement à Vancouver sont 1/ les prix exorbitants et 2/ le fait que la quasi-totalité du parc immobilier est détenu par des chinois, qui exploitent chaque recoins d’un appartement pour y parquer un locataire (et faire un max de profit).

J’ai quand même réussi à tirer mon mikado du jeu en trouvant un adorable appartement au rez-de-jardin d’une jolie maison en bois, détenue par une charmante famille hollandaise (tout cela fait beaucoup de superlatifs affectueux mais hé, c’est vraiment chouette). A partir du 1er aout, je partagerai l’endroit avec Alexandra, une étudiante de 23 ans originaire d’Ottawa en Ontario. J’ai une chambre immense, une salle de bain taille « parisien », une grande cuisine ouverte sur le salon et… un JARDIN. Le tout a 10 minutes à pieds de la plage. Et pour 560 euros (une très bonne affaire selon mes amis vancouvérois).

La maison en coupe

Une vue sur la cuisine

Le jardin :') avec un cerisier qui fait de vraies cerises !!

Le salon (qui est beaucoup plus joli en vrai.
Il y a même une cheminée pour faire de vrais feux l'hiver !)

mercredi 17 juillet 2013

1/7 J'ai bu une bouteille de veuve-Clicquot cul-sec

*7 jours a Vancouver en 7 anecdotes palpitantes*

Comme la vie est parfois (souvent) bien faite, mon premier amoureux de mes 16 ans était de passage à Vancouver cette semaine.

Pour fêter nos retrouvailles, mais aussi et surtout ses fiançailles, il a commandé une bouteille de champagne au bar d’une boite de nuit west-coast gangsta-style bling-bling et vulgaire (mais tellement américaine). Bien entendu, la barmaid n’a pas jugé nécessaire de nous avertir que le club fermait ses portes 15 minutes plus tard.

A peine le temps de se servir notre première coupe, qu’on a été forcés de finir notre bouteille debout, cul-sec, sous la pression de deux videurs tatoués visiblement pressés de rentrer dormir chez eux. 
Aucun respect pour une bouteille de Veuve-Clicquot, donc (et je ne parle pas de celui que l’on réserve habituellement aux clients qui achètent une bouteille de champagne). Mais quelle rigolade ! Merci & bravo lolo xxx


vendredi 12 juillet 2013

80h de bus sur la Transcanadienne / Montréal-Vancouver in a shoestring

JOUR 1 : de Montréal (Quebec) a Thunder Bay (Ontario)



Quelques jours avant mon départ, une amie de Guillaume, apprenant ma conquête de l'ouest canadien, s'est exclamée: "magnifique!! Tu vas adorer. Par contre, surtout SURTOUT : n'y va pas en bus".

Voilà qui m'a fait quelques peu appréhender le road trip. Ses récits sur les cars vieillots inconfortables et puants m'ont presque donné envie de prendre l'avion. Finalement, je me suis équipée comme jamais, faisant preuve d'une organisation du tonnerre (moi qui n'organise jamais rien en voyage) : coussin gonflable, chaussettes, jogging, sweat moelleux acheté a la dernière minute, Tupperware remplie de nourriture, jus de fruits, magazines et mots croisés, lingettes pour se débarbouiller, bref Mary Poppins version trappeur.

Le voyage a commencé à 21h mardi soir. J'ai bien failli manquer mon bus à cause d'un excédent de poids de 4 malheureux kilos : il m’a fallu filer dare-dare au comptoir pour payer une taxe, quelques minutes seulement avant le départ.

A ce sujet, j'en profite pour crier à l'injustice, car les personnes qui pèsent 30 kg de plus que moi n'ont pas à payer quoi que ce soit. Il n'est pas normal que j'ai la même restriction de poids en soute qu'une personne de 80kg. J'y ai beaucoup réfléchis, et on devrait instaurer un système plus juste de poids packagé : un pack poids "individu + bagages n’excédant pas 100 Kg » (par exemple). Je songe sérieusement à soumettre cette proposition de génie à qui de droit.

Mais je m'égare.

J'ai donc sauté dans mon bus grâce à l'aide efficace de mon frère, qui a retenu le chauffeur prêt à partir sans moi, et de mon papa porteur de valises (et excellent sprinter). Il ne restait qu'une seule place, près d'un homme aux yeux bleus d'acier, et aux cheveux gris. On ne sait jamais sur qui on tombe, et quand on part pour un voyage de 80h, on a intérêt à bien tomber.
L'homme m'a parlé au bout de 5 minutes : "quelle chaleur, hein? Ca à pas de bon sens" (prononcé avec l’accent québécois, bien entendu).
Météo. Bon.
"C'est vrai que vous avez un sacré climat de fous ici au Québec : soit on se pèle la nouille, soit on étouffe" ai-je répondu pour répondre quelque chose.

Et c'était parti pour 2h de discussions captivante sur son enfance dans un Québec d'une autre génération : celle des hivers à -40 degrés, des marches de 2km avec "de la neige jusqu'aux genoux" pour aller à l'école, et du fleuve Saint-Laurent si gelé qu'on y avait installé une voie ferrée.
La génération du Québec des familles nombreuses gouvernées par les hommes d'église.
Gérald a une soixantaine d'années, et il est issu d'une famille de 12 enfants. J'étais stupéfaite : "Comment peut-on mettre au monde 12 enfants en 18 ans??! Comment on nourrit 20 personnes 3 fois par jour? Vous aviez un bus pour vous déplacer en famille? (Et autres questions farfelues)"
Il répondait en riant. " Et encore 12 enfants c'est rien, à notre paroisse il y avait une famille de 24. Je peux vous dire que nos mères en ont eu de la misère".

Aujourd'hui Gérald vit à Wawa en Ontario. "La ville des oiseaux". Il travaille "dans les arbres" ; c'est une sorte de super bucheron amoureux de la nature. On a passé 18h ensemble, à partager quelques cafés, beaucoup d'anecdotes et de longs silences à travers les lacs noirs et les épaisses forets de l'Ontario. J'ai adoré ce monsieur, j’étais presque triste de lui dire au revoir au bord d'une route de Wawa.

Gérald !

C'est en arrivant sur le Lac Supérieur, 2eme plus grand lac au monde, que la nature a commencé à être vraiment époustouflante. Entre ciel d'orage et éclaircies, la route transcanadienne serpentait entre de grandes étendues d'eau sombre et calmes, entourées d'épais arbres verts dont la cime se perdait dans la brume. On aurait dit la foret de Tarzan, majestueuse et calme. 



La puissance de cette nature m'a vraiment saisie. A certains endroits, les falaises verdoyantes s'effondraient dans les eaux. A d'autres, une longue plage de sable rouge accueillait des vagues bleues. Ici et là, des îlots d'épineux au milieu d'une mare d'eaux grises et immobiles.

Je me suis rendue compte que je ne pensais à rien, ce qui est rarissime pour moi qui suis en constante hyperactivité cérébrale. Dans le bus, j'étais simplement en contemplation, le nez collé à la vitre. Impossible de bouquiner ou d'écouter la musique tant le paysage était prenant...



Finalement à la fin de cette première journée de voyage, je me suis dit que ça allait passer vite, et que je n’étais pas si mal. Le bus est vite devenu notre petite auberge de jeunesse, entre pauses café sur des parkings glauques et déserts en pleine nuit, pauses pipi dans des toilettes glauques et désertes au milieu de nulle part, et rigolades générales grâces aux blagues de quelques joyeux conducteurs de bus (bien entendu, j'étais la seule a ne pas rire puisque la blague était prononcée au micro crépitant d’un bus, sans crier gare, avec un accent canadien à couper au couteau - autant vous dire que je faisais pas la fière).

Une charmante pause au milieu de nulle part...

JOUR 2 : de Winnipeg (Manitoba) a Calgary (Alberta)


Un matin quelque part en Ontario, j’ai fait la connaissance d’Aurianne, une belge de 22 ans qui parcours toute seule le Canada en stop, de long en large et en travers. Elle est pire que moi en terme de non-organisation, de gourmandise et de prise de risques, et c’est pour ça je crois que je l’ai tout de suite adorée.

Cette seconde journée de bus s’annonçait longue et inutile : on sortait enfin de l’interminable province de l’Ontario pour traverser les immenses pairies des provinces du Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Alberta. Trois provinces vides, donc… Aurianne a été mon cadeau du Destin pour occuper ces 24h : nous les avons passées à rigoler, papoter à voix haute et en français (désolée à tous nos co-voyageurs), manger des Donuts et boire des cafés glacés à la crème fouettée.

Machiavéliques Donuts

Cette région du centre Canada, en plus de ne rien avoir à offrir en terme de paysages, nous a également prouvé qu’il pouvait faire chaud dans le grand nord : la chaleur étouffante, quasi-désertique nous a découragées de descendre du bus pour prendre des pauses. Et pourtant, Dieu sait que les pauses sont bienvenues dans ce genre de voyage ou l’on n’est jamais debout, jamais allongé, mais simplement assis. 

Dédicace a ma petite sœur Sucré
Petit matin dans le bus, le grand style de 50h de voyage

Je suis quand même un peu médisante sur ces trois pauvres provinces. La devise de la Saskatchewan est « The land of Living Skies » - et c’est vrai que, s’il n’y a rien d’autre à voir, ça vaut quand même le coup d’être vu.
Parce qu’il n’y a rien à l’horizon, le ciel parait être plus grand que partout ailleurs dans le monde. Il passe de l’orage au soleil, et d’immenses éclairs dans le ciel gris alternent avec des nuages de toutes les couleurs, a perte de vue. Et pendant des heures et des heures, aucun bâtiment ni aucune infrastructure ne vient abîmer cette toile grandiose et magnifique.


JOUR 3 : de Calgary (Alberta) a Vancouver (Colombie-Britannique) ENFIN !!!


Dernier bus, dernière journée de voyage, et quelle journée mon Dieu! 

Après 24h de plaines, tout à coup apparaissent les arbres, puis au loin, dans un ciel magnifique et clair, la ligne des Rocheuses tant attendues. Les sommets enneigés éclairés par le soleil du matin, et les lacs, et l'air glacial, et le sourire sur les visages de tout le monde dans le bus. 

Une escale a Banff

La route est une succession d'émerveillement, car chaque virage révèle une étendue d'eau turquoise et trouble, bouillonnante entre les sapins et les barrages de castors. Et toujours, en toile de fond, les montagnes de plus en plus belles, de plus en plus blanches. J'écoute les Daft Punk à fond en m'étonnant de ma chance d'être ici, de voir tout ça, enfin, après tant d'années à fantasmer cet endroit. 

Un petit bout de route...

Mais 2h avant l'arrivée, j'en peux plus, j'ai mal partout : j'ai mal aux jambes, aux fesses, au dos, au ventre (j'ai mangé tout ce que j'avais par ennuie), au cœur, à la nuque et aux yeux. Je crie "J'EN AI MARRE BORDEL" (en français, pour ne pas abîmer ma réputation de fille bien auprès de mon nouveau partenaire de voyage David from Toronto).
Je suis au bout du sifflet, et je n'ai même plus assez d'énergie pour être excitée d'arriver. Je me demande juste comment je vais bien pouvoir me traîner jusqu'à la maison de mes CouchSurfers, pour pouvoir y mourir en paix...

79eme heure de bus.

Moralité de cette interminable récit ?

Ce voyage épouvantablement long n'a été qu'une belle série de rencontres et de paysages époustouflants. J'ai pris la mesure de l’immensité de ce pays, j'ai ressenti exactement ce que je recherchais en choisissant de voyager par voie terrestre. Je suis heureuse de l'avoir fait, enfin - mais regardez-moi bien : je ne le referai JAMAIS !!

Much love

samedi 6 juillet 2013

Loi 101 : parlons franglais

En tant que « professionnelle de la communication » (imaginez moi avec des lunettes de fille serieuse sur le nez), je porte une attention toute particulière au choix des mots, et en particulier à l’écrit (dans les messages publicitaires par exemple). Or, il y a une chose qui m’horripile au Quebec, mais il va falloir que je m’y fasse : la traduction quasi littérale de l’anglais vers le français, ce qui appauvri considérablement (selon moi) l’impact des messages.

Ceci s'explique par la loi 101 (ou Charte de la Langue Française,  votée en 1977, qui oblige toute structure a communiquer en français). Tout est donc systématiquement traduit mais, malheureusement, sans plus d'effort d'adaptation que Google Traduction.

Sauvegarder la langue française est un beau combat que je salue. Mais alors pourquoi Diable ne font-ils pas plus d’effort pour en faire une langue a part entière, au lieu de se contenter d’une traduction littérale d’un message pensé initialement en anglais ?

Pour illustrer ces propos, voilà le pire exemple du mois, vu chez Virgin Mobile Canada : la carte sim livrée avec mon téléphone m'a tuée, avec le pire jeu de mot de toute l'histoire de l'humour (tenez-vous bien) :

« pousse moi, rentre moi, aime moi »

WHAAAT ?? (Pour le coup, la blagounette était plutôt bien trouvée en version originale. Alors ils l'ont gardée littéralement en français... Vous voyez le genre ?).


Comme disait le coloc de Guillaume ce matin en regardant mon sac Comptoir des Cotonniers : "T'as pas l'air d'une française colonialiste pour 1 cent, Marion". 

Bisous !

mardi 2 juillet 2013

Petites joies et grand voyage

Je commence à prendre mes marques à Montréal.

Pour la première fois en 17 ans d'aller-retours au Québec, je suis livrée à moi-même la journée, sans voiture ni personne pour me balader. Jusqu'à maintenant je me laissais transporter d'un point à l'autre sans le moindre repère géographique. Je n'avais même aucune idée de la configuration de cette ville.

Depuis une semaine toutefois, je suis équipée d'un iPhone et d'un vélo. Après le terrible épisode du claquage de cheville, le vélo est vite apparu comme la meilleure solution de déplacement avant le fauteuil roulant. 

Chaque matin, je repère sur Internet les meilleurs brunch de Montréal. J'entre l'adresse dans mon iPhone pour me repérer, puis je boite jusqu'à une station Bixi (les Velib d'ici). 
La route pour aller bruncher est l'occasion de déculpabiliser découvrir de nouveaux quartiers de Montréal. Je passe à travers des parcs remplis d'enfants, de musiciens du dimanche et de jeunes qui préparent un BBQ. Je parcours de grandes allées arborées aux maisons colorées typiquement montréalaises . Je m'extasie comme une touriste devant les escaliers en colimaçon, les mini- jardins, et les toits en forme de château de Disney. 





Puis je m'attable, enchantée, derrière mon assiette gargantuesque. Et tandis que je bouquine tranquillement pendant des heures, une serveuse remplie ma tasse de café a l'infini... Dans ces moments-là, je ne vois pas vraiment comment je pourrais être plus heureuse.

Le soir, je rejoins papa et Guillaume pour le souper, et on termine souvent dans un bar de quartier avec nos amis (sans papa bien sur!!). Et rebelote le lendemain, et ainsi de suite chaque jour de la semaine. Les vacances, quoi.

Mais bon, soyons honnêtes : je sais bien que ce n'est pas ça la vie. Avant de partir j'avais noté dans mon petit carnet l'objectif de mon année au Canada (bien entouré en rouge pour ne pas l'oublier) : 
perfectionner mon anglais
Et ce n'est certainement pas en menant ce train de vie au Québec que je vais devenir bilingue!

J'ai donc acheté cette semaine un billet de bus Greyhound Montréal-Vancouver : 3 jours, 3 nuits et 4 h de voyage non stop. 155 villes traversées dans 6 provinces différentes, des plaines de la Saskatchewan aux Rocheuses de la Colombie-Britannique. L'un de mes voyages les plus fantasmés probablement, un peu comme je fantasme le Transsibérien, avec toutes ces choses qui caractérisent le voyage routard : pas de douche, pas de lit, des escales sur des parkings au milieu de nulle part, des paysages à couper le souffle et des kilomètres et des kilomètres de route à travers l'inconnu :')


Départ mardi 9/07. Il me reste donc une petite semaine à Montréal, avant mon retour ici quelque part cet hiver, avec mon anglais en poche et des projets de travail palpitants... Mais ceci est une autre histoire. Bisou!