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dimanche 30 juin 2013

La Dolce Vita

Quelques jours après mon arrivé, j’ai élu domicile chez Guillaume, dans le quartier italien de Montréal.
« Rosemont - La Petite Patrie », c’est son nom officiel. C’est déjà adorable, alors imaginez un peu le charme de cet endroit en vrai !

L’autre matin, je suis allée prendre un café au Café Italia, qui est un café tel qu’on en trouve dans l’Italie du sud, du moins j’imagine. 2 bancs ont été réquisitionnés pour compléter la petite terrasse. 5 ou 6 vieux y passent toutes leurs journées, en braillant en italiens sur leurs copains italiens. Ils bloquent le passage sur le trottoir, mais je ne pense pas que quiconque ai jamais eu envie de leur faire une réflexion. On est donc obligés de contourner par la route, ou sont garées (bien entendu) des voitures de style « italiano » kitsch à mort.

A l’intérieur, il n’y a que des hommes. Ils ne payent absolument jamais attention à moi, déjà parce que je suis une fille, et en plus parce que je parle français. Il va de soi que le café n’est rempli que d’hommes italiens (les femmes doivent probablement préparer des pizzas à la maison, ça ne m’étonnerais guère). Je peux donc flâner incognito autour de ces personnages qui pourraient être sortis tout droit d’un film en noir et blanc, afin de les observer vivre tranquillement en sirotant mon Latte.

Ma BM, les bonhommes sur le banc, tout y est.
Gros plan sur cette voiture que j'aime de plus en plus chaque jour :')
Il va de soi que ni Guillaume, ni moi n’avons jamais fait une seule course au supermarché depuis mon arrivée (et je présume qu’ils n’en ont pas beaucoup fait avant mon arrivée non plus) : pourquoi s’embêter à cuisiner et à faire la vaisselle, alors qu’en face de la maison tu peux trouver les plus délicieux plats traditionnel italiens, le meilleur café servi en italien, ou encore les épiceries italiennes pleines de biscuits aux amandes, ouvertes jusque tard dans la nuit ?

Malheureusement, tout l’amour que je porte à cette communauté est à sens unique. Ils ont tous l’air de détester tout ce qui n’est pas italien, et leur fichu caractère latin ne les prive pas de nous le faire savoir… Mais je m’en fiche, c’est trop beau (ou trop bon, je ne sais plus).

jeudi 27 juin 2013

Cheville en compote

Je passe une bonne partie de ma vie en talons hauts. Je cours dans le métro, je grimpe des escaliers, je danse toute la nuit en talons hauts. Et je n’ai jamais ne serait-ce que trébuché.

Or, sur les conseils de mon amie Naama durant notre voyage en Israël, j’ai acheté une paire de Crocs. Ça n’a pas été une décision facile, car c’est plat et moche. Mais c’est terriblement confortable et léger, pratique et résistant. Ce sont les chaussures parfaites pour voyager, surtout quand on voyage comme un pauvre (ce qui est mon cas) : poids de bagage restreint en low cost, longues marches sac au dos pour trouver une guesthouse, propreté douteuse des douches publiques… Les Crocs te permettent d’appréhender tout ça sereinement (ce n’est pas le cas de toutes les chaussures croyez-moi, en témoignent mes Tropéziennes décédées en Malaisie).

Une photo originale de ©Pelpom


Bref, j’ai enfile mes Crocs ce matin en me réveillant, et j’ai traversé la rue pour aller acheter un café avec Guillaume. J’ai marché environ 28 secondes, et je me suis effondrée du haut d’une marche. Je suis tombée tellement bêtement que j’aurais pu en rire si seulement ma cheville n’avait pas fait un sinistre « CLAC ».

Je ne sais pas encore si je dois bénir mes Crocs d’avoir été plus près de mon lit ce matin que mes escarpins (la chute aurait alors été fatale, a n’en pas douter). Ou bien si je dois les maudire parce qu’au final, c’est quand même avec elles que je suis tombée, bon sang.

Pour l’heure, je prie afin de pouvoir remarcher un jour, Guillaume me trouve des sacs de glace, et papa me masse la cheville au Ketum en me répétant : « tu es une Arnau ma fille, tu as une bonne constitution »
Ça devrait se réparer vite, donc :)

Pour ma défense, voila l’état des rues a Montréal. Survivre a pied ou en vélo relève de l'extraordinaire au quotidien.

mardi 25 juin 2013

Les clichés

Cette semaine, je suis allée ouvrir un compte en banque dans la TD Canada Trust, qui est une banque très anglophone. Mon conseiller bancaire était un bellâtre libanais vraiment beaucoup trop canon, trop musclé et trop décontracté pour être banquier (tellement nord-américain, en fait!). Il est arrivé en souriant et en me faisant un « check » pour m’inviter dans son bureau. Je peinais vraiment à me concentrer sur les termes du contrat, expliqués qui plus est en franglais, devant ce superbe mélange de Jason Statham et Wentworth Miller. Mais tout à coup, il m’a lancé au visage un clichés  si naze que tout son charme s’est évaporé : « alors vous les français, avec votre béret et votre baguette de pain » … Sérieusement ?!!

Malheureusement, les clichés ont la vie dure. Et il semblerait que ceux France / Québec soient encore plus ancrés dans nos esprit que n’importe quel autre cliché ridicule, et c’est à la fois une source de rire sans fin, et d’ennuyant désespoir.

Je relève d’ailleurs consciencieusement tous ces clichés, que je note dans mon petit carnet à inspirations. Aujourd’hui, voilà le premier, d’autres viendront au fil de mes nouvelles : L’occasion de vous raconter des petites anecdotes de mon quotidien ici.

Clichés #1 : les caribous
Je suis une très grande fan des Nuls, mais ils sont d'une autre époque. La blague du caribou a fait son temps mes amis, car sachez qu'il n’y a PAS de caribou ici au Québec. Il y a plein d’animaux, il y a des ours, des castors et des orignaux, mais pas de caribou. Il faut impérativement arrêter de me dire « dis bonjour aux caribous ! » ou « attention aux caribous, tabernacle !! » - parce que
1/ ca m’énerve terriblement, 
2/ même mes amis québécois nés au Québec n’ont jamais vu de caribou de leur vie et 
3/ on dit tabarnak, pas tabernacle.

**Moment ludique & éducatif**

Le caribou est en fait un renne, il ne vit que dans le grand nord, là où personne ne va jamais. C’est l’animal du Père Noël. Alors que l’orignal est ce que nous appelons un élan, et il vit dans les forêts, près des lacs. C’est un animal que l’on croise pas mal ici, et on le mange aussi. 
Caribou : NON
Bois fins, Pere Noel, blague pas drole
 vs.
Orignal : OUI
Bois larges et plats, pictogrammes sur panneaux jaunes en bord de route, bonnes brochettes

Voilà, ça fait du bien de le dire. Bisou !

Guide de prononciation

L’autre soir, au détour d'une conversation, Guillaume me dit comme ça : « il s’épile les sourcis » - ce à quoi je m’empresse de répondre : « tu veux dire les sourcils ?’. Non, me soutient-il mordicus : les sourCIs.

Je lui explique donc avec le sérieux du professeur de littérature française que les sourcils se trouvent au-dessus des cils, ce sont en quelque sorte les « sur-cils », et s’il prononce « cils », il faut dire « sourcils ».

Et son coloc Othman de rétorquer : "c’est quand même bizarre de prononcer le L dans sourcils, alors qu’on dit « nombri »" (il parlait donc du nombril).

Je me suis roulée par terre de rire, en me moquant du parler québécois, et cette conversation a fait débat le soir venu avec les amis qui étaient présents à la maison. Alors que les argumentations faisaient rage (et seule française contre tous), j’ai fini par choisir pour arbitre le Larousse.fr (bien que l'assemblée ait insisté pour regarder sur Larousse.ca). Et alors là, tenez-vous bien, parce que la vérité n’est pas facile à entendre :

· Nombril : /nɔ̃.bʁil/ se prononce donc « Nombril »
· Sourcil : /suʁ.si/ est, à mon immense désespoir, prononcé par la Voix de larousse.fr « Sourci ».

Cette anecdote, au premier abord inutile, est en fait une petite histoire du Québec qui a son importance, non seulement pour briller en société par votre juste connaissance de la langue française, mais aussi pour vous préparer correctement a votre futur voyage ici (puisqu’il va de soi que vous allez tous venir me voir un jour ou l’autre).
Et ca fait aussi partie du charme de mon séjour a Montréal, qui va être bien plus court que prévu... Mais ceci est une autre histoire.

United State of What ?
Première viree a moto avec Guillaume dans le Vermont

vendredi 21 juin 2013

Tim Hortons

Ma première mission en arrivant a été d’aller faire ma demande de Numéro d’Assurance Sociale dans un bureau de l’immigration du Canada. C’est une formalité essentielle pour « exister » officiellement au Canada, tout comme notre numéro de Sécu en somme.

Il faisait un temps magnifique, un temps d’été (oui, ça existe ici aussi). J’ai pris mes jambes et je suis partie arpenter ma nouvelle ville sous le soleil. J’ai marché une bonne heure en m’amusant des noms des rues qui sont encore autant de nouveautés dont je peux m’amuser : chemin de la Cote des Neiges (qui grimpe sec jusqu’au sommet du Mont Royal), rue Trafalgar (du sommet de laquelle on peut avoir une belle vue sur le vieux port), puis descente sur la rue Guy (Nain, si tu me lis…), jusqu’à la rue Sainte-Catherine, le centre-ville grouillant, ma destination. C’est là que j’ai croisé une chaine de restauration que je chéris tout particulièrement : Tim Hortons. Je me suis arrêtée net dans ma belle descente pour acheter mes deux plus grands plaisirs nord-américains jamais égalés jusqu’à ce jour : un donut glace a l’érable, et un grand café filtre sans gout dans un gobelet en carton.


Voilà, avec mes trésors dans les mains, le soleil qui brillait toujours, et mon existence administrative bientôt officielle, je nageais dans un océan de joie. J’étais de très charmante humeur en arrivant au bureau de l’immigration. A tel point, que le long et sec monsieur du guichet, qui recevait les gens en levant sévèrement le menton pour les regarder par-dessous ses épaisses et très sérieuses montures de lunettes, m’a fait passer devant tout le monde avec un clin d’œil (m’évitant ainsi miraculeusement 50 minutes d’attente). J’ai donc obtenu mon NAS en moins de deux, et je suis repartie avec, comme une enfant repartirait avec sa crème glacée, pour d'autres joyeuses formalités d'installation... Bisou !