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samedi 5 avril 2014

Qui quand quoi comment?

Ce matin, je me suis réveillée d’un sommeil si profond qu’il m’a fallu de longues secondes pour comprendre qui j’étais, puis ou je me trouvais, et enfin quelle langue parlaient les personnes autour de moi. Il était 10h du matin, j’étais dans ma chambre chez Guillaume et Othman, et les gens parlaient québécois dans la cuisine. 

Je suis à Montréal. Il y a deux semaines j’étais dans le printemps de Vancouver, il y a 48h l’été commençait à Lyon, et aujourd’hui c’est la fin de l’hiver au Québec. Trois fuseaux horaires différents en trois semaines ça fait un peu beaucoup, et après le départ des colocs je suis restée écrapoutie sur le canapé a manger de l’aubergine rôtie a l’ail en me disant que je n’aurai jamais la force de me lever, de vivre, de respirer, de digérer, de me laver ni de parler, bref je n’étais qu’une masse inanimée.

Dans un dernier sursaut de survie, j’ai roulé à terre et, enfilant une paire de baskets, un jogging informe et un sweat à capuche, j’ai entrepris de ramper jusqu'au café Simeon, l’italien d’en face.

Et bien entendu, parce que cela n’arrive que quand tu es moche, misérable et que tu sens l’ail à 11h le matin, je suis tombée nez à nez avec un copain qui lui était beau et frais et qui m’a vu avant que je ne le voie et que je puisse me cacher dans une ruelle. Il m’a pris dans ses bras en riant alors que je tentais de me fourrer la tête entière dans ma capuche pour étouffer ma honte mais c’était trop tard, ma réputation était fichue. Le garçon m’a encouragé à aller au café Simeon, un bon café m’a-t-il dit, bien qu’il ne boive pas de café. Je lui ai remué les doigts devant les yeux en lui ordonnant d’oublier cette rencontre et j’ai filé, tête basse, jusqu’à chez Simeon. J’ai poussé la porte. Et je suis entrée en Italie.

Une horde d’hommes braillards à la peau mate lisait leur journal en buvant à la chaine des expressos bien serrés dans des tasses à peine lavées. De la buée sur la vitre nous protégeait tous de la morosité du dehors. Les pâtisseries tièdes étaient englouties en italien. J’ai commandé un macchiato, c’est ouno espresso avec ouno poti po dé mousse (m’a expliqué le patron). Grazie mille. J’ai bu mon café au comptoir, et avant même que la caféine ne passe dans mon sang, j’étais requinquée comme jamais par l’énergie de ce lieu, ce petit bout d’Italie au milieu de Montréal.

Je suis de retour a la maison et tout est comme il y a 10 mois, le soleil en moins et mon anglais en plus. Je prend une douche et je commence une nouvelle vie, une nouvelle fois, un chapitre de trois mois ici avant de repartir la-bas, ou bien ailleurs, enfin on verra.

Ma chambre à Montréal, mes souvenirs de Vancouver

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